Nul ne nie aujourd’hui l’intérêt d’associer les habitants et usagers au processus d’élaboration d’un projet de rénovation de leur quartier. Cependant, force est de constater que les délais et modalités de la participation classique ne permettent pas à certains types de public de s’exprimer et ne laissent pas le temps de la maturation et de l’appropriation. Il faut donc inventer des formes d’intervention qui permettent l’implication des habitants dans la durée et qui participent à l’émergence d’une véritable culture de la participation.
L'originalité du Contrat de Quartier Durable Masui repose justement sur le fait de fonder le processus participatif non seulement sur un moment d'écoute, mais également, et surtout, de co-production d'un projet urbain ambitieux, celui d'une reconfiguration fondamentale de la partie centrale du quartier, formée d'un énorme îlot fermé, traversé par l'ancien lit de la Senne, la rivière qui passe à travers Bruxelles . Il s'agit donc de faire rencontrer la vision de techniciens de l'espace avec le vécu des habitants et des acteurs, de la vérifier, la préciser, l'amender, autrement dit, la faire mûrir. Mais également de lui donner corps, pendant le processus de conception, et pendant sa réalisation, à court, moyen et long terme, via un travail participatif de programmation: Community land trust, potager collectif, urbanisme temporaire, budgets participatifs… autant de projets qui permettent aux citoyens de devenir acteur et de tisser des liens intimes avec leur territoire.
Un centre poreux dans un quartier dense
Le quartier Masui est avant tout un quartier de grands axes urbains hérités du XXIe siècle, sans véritable noyau, ni même de lieu de convivialité. Le projet de réaménagement de l'ancien tracé de la Senne vise la création d'un centre pour le quartier, organisé autour d'un nouveau parc habité aménagé sur le parcours de l'ancienne rivière et d'impasses présentes entre la chaussée d'Anvers, axe commerçant et lieu de marché, et la Senne. Ce système d'espaces publics, ce centre poreux, regroupe un ensemble d’opérations très diversifiées qui toutes et chacune contribuent au développement durable du quartier et de la ville. Ainsi, par exemple, sur le plan environnemental le parc qui sera aménagé sur le lit de la Senne créera un verticale couloir écologique vers le parc régional Gaucheret, s’intégrant ainsi dans le maillage vert planifié par la Région et, dans le même temps, renforcera le réseau cyclable de la capitale. Il constituera aussi un lieu de silence dans ce quartier qui subit les nuisances sonores des infrastructures qui l’enserrent. Au niveau social, outre la création de nombreux logements et d’équipements au service quartier, il faut relever le projet pilote d’accès alternatif à la propriété qui vise notamment la stabilisation dans le quartier de familles à revenus modestes. La création du parc et des jardins potager, de même que les nombreuses opérations de cohésion sociale, d’insertion socio professionnelles et de formation participent également à la plus-value sociale. En ce qui concerne le domaine économique, outre l’attention portée à l’équilibre économique des opérations, plusieurs projets soutenant l’emploi ont été proposées.
Accès alternatif à la propriété
L’opération promeut un système alternatif d’accès à la propriété dans l’esprit des Community land trust qui ont vu le jour aux Etats Unis. Ce système permet l’utilisation des plus-values foncières pour le bien commun. Ainsi, la Régie foncière de la Ville de Bruxelles acquerra le bâtiment aujourd’hui désaffecté et le cèdera à un prix inférieur à celui du marché, tout en restant propriétaire du sol. Lorsqu’un propriétaire souhaite revendre son logement, il doit restituer une part de la plus-value, somme qui sera utilisée pour rendre le logement accessible à l’acquéreur suivant. Grâce à ce mécanisme, ces logements restent
Jardins potagers
Des potagers collectifs gérés par des associations locales seront aménagés sur la Senne. En permettant notamment à des immigrés d’origine rurale de faire leur savoir-faire , de s’approprier leur territoire et de créer des liens sociaux, les potagers favoriseront la cohésion sociale et les mixités de genre, de génération et de culture.