Prémisses
Bruxelles nécessite un projet radical et innovant. Les défis du futur proche, le défi de l’essor démographique, de l’emploi, de la formation et de l’enseignement, le défi envi- ronnemental, des inégalités sociales et de l’internationalisation imposent d’insérer toute politique de la ville dans un cadre de référence tout à fait nouveau: une vision spatiale, une structu- re des réseaux de la mobilité; une manière de faire l’urbanisme qui abandonne les idées reçues du passé et tient compte des expériences des dernières décennies et de ce qu’elles nous ont apportées. Sans renoncer à sa longue tradition, Bruxelles n’a pas tant be- soin d’une politique d’améliorations incrémentales, que d’une rupture radicale: dans le domaine des idées, des pratiques, des projets et du passage à l’acte. La radicalité est nécessaire, à notre avis, pour mieux saisir la dimension du changement et ses potentialités.
Une métropole horizontale
Bruxelles est insérée dans ses territoires de référence, métropolitain et global, au cœur de la North Western Metropolitan Area. Nos études ont débuté d’en bas, refusant toute idée reçue. La réflexion s’appuie sur un regard nouveau de la métropole. Penser Bruxelles comme une «métropole horizontale», une métropole aux limites vagues et incertaines qui, dans cette étude, concerne le territoire des trois vallées de la Dendre, de la Senne et de la Dyle.
L'étude essaie de montrer comment une série de concepts évolutifs peut guider dans la lecture et interprétation territoriale en révélant des thèmes de projet.
Comment la topographie peut devenir une topologie qui donne sens aux lieux; comment la mixité peut devenir percolation des différentes couches sociales dans des tissus urbains renouvelés; comment une ville habituellement considérée comme composée de fragments peut utiliser la spécificité de chacun d’entre eux; comment les réseaux de mobilité peuvent devenir des espaces de relations; comment les concepts de hiérarchie et d’isotropie, apparemment opposés, peuvent devenir complémentaires et comment, enfin, l’espace urbain, particulièrement limité par une vision institutionnelle et politique à Bruxelles, pourrait mieux fonctionner pour tous.
Différente d’autres métropoles, la métropole horizontale bruxelloise peut être l’occasion de développer un modèle durable original et novateur, prenant en charge la réduction de la consommation d’énergie et des émissions, le développement de la biodiversité, du confort individuel et collectif, la construction d’un espace habitable de haute qualité environnementale. Elle peut développer des projets d’adaptation aux changements climatiques en explorant toute la gamme des modes de déplacement au-delà de la voiture et se concentrant sur un projet de transports en commun. Elle pourra aussi redonner plus d’espa- ce à l’eau en la plaçant au centre d’une réflexion sur la nature de l’espace public. La “métropole horizontale” ne sera pas homogène en son intérieur; elle valorisera au contraire la différence: les qualités des lieux et des parties, dépassant les clivages.
Une vision, pour être réaliste, doit se confronter avec le temps et les ressources disponibles ou celles qui pourront être mobilisées par la vision même, mais elle doit aussi se confronter à tous ses acteurs afin de les mobiliser autour d’un dessein commun. Pour cela, il faut agir à l’échelle du détail. Et même à cette échelle, l’amélioration du cadre de vie et de la qualité de l’espace habitable dans la métropole bruxelloise nécessite une prise de position radicale.