337GUE
Programme
Projet urbain, Equipement
Lieu
Woluwe-Saint-Lambert
Date
2019
Thématiques
Urbain, Rénovation, Bio-sourcé, Inclusif, Marché public
Phase
Terminé
Surfaces
640 m²
Equipe
Servais, Enesta
Client
Le Gué asbl - Centre thérapeutique et culturel
Budget
€ 2 000 000
Un centre thérapeutique et culturel
Le Gué est un centre de jour et d’accompagnement à l’emploi qui accueille depuis plus de 50ans des personnes en difficultés psychiques. Sa façon d’envisager le travail clinique s’inscrit dans la lignée de la psychothérapie institutionnelle, qui considère que c’est l’institution dans son ensemble qui engendre l’action thérapeutique. Dans ce sens, l’institution cesse d’être le lieu où l’on est soigné pour devenir le lieu par lequel on est soigné.
Le projet du Gué, par son histoire, a toujours été soucieux de l’ouverture et de la compréhension au monde qui l’entoure. Le nom de l’asbl, Le Gué Centre thérapeutique et culturel témoigne de cette composante originale par les actions mises en place depuis son ouverture : marché bio, imprimerie, réparation de vélos, ciné-club, débat, concert, spectacle. Il a toujours été question de donner une place aux bénéficiaires dans la cité et de favoriser les rencontres au sein du quartier.
Le Gué s’attelle désormais à questionner son avenir en prenant en compte l’évolution de son public, de la société et le déploiement envisagé de nouveaux projets. Pour répondre aux nouveaux besoins de l’institution les actuels locaux nécessitent des travaux de rénovation conséquents, tant en terme d’espaces, de mise aux normes que de performances énergétiques.
Pour accompagner cette évolution, le projet repense les espaces pour qu’ils soutiennent pleinement la démarche du Gué et réinterroge la manière dont ils peuvent accompagner le soin, non comme simple cadre, mais comme acteur d’hospitalité et de lien social. Travaillant avec les singularités du site, l’intervention tisse de nouvelles continuités spatiales : une cour qui fédère, un jardin qui se prolonge jusqu’à la rue, des circulations clarifiées qui facilitent les rencontres et les usages. Plutôt que d’imposer une nouvelle écriture, le projet joue sur des ajustements subtils – démolitions ciblées, ajouts mesurés, mise en lumière des seuils et des matières – pour renforcer la lisibilité et la qualité des lieux. Entre respect de l’existant et souplesse des espaces à venir, il s’agit d’offrir un cadre où l’on se retrouve, où l’on agit et où l’on appartient.




Une philosophie de l’économie de moyen
Le projet proposé, dans une logique d’économie de moyens, tire parti des singularités du lieu. Ainsi les interventions, que ce soit par soustraction ou addition de volumes, cherchent à rétablir le lien avec le jardin situé en fond de parcelle mais également à renforcer le rôle fédérateur de la cour autour de laquelle s’articulent les quatre bâtiments qui composent le centre.
À travers des interventions en acupuncture, le projet parvient à recréer des continuités et à conférer au centre une cohérence d’ensemble.
Il s’agit d’une sélection méticuleuse, issue d’une compréhension minutieuse des lieux, d’éléments à démolir et d’espaces d’interstices à réorganiser afin de retrouver une cohérence à l’échelle du site et de rendre les espaces plus appropriables.
La clarification des circulations, les nouvelles connexions visuelles et la mise en place d’une structure rationnelle et évolutive s’inscrivent dans une réflexion sur la manière dont on travaille, on s’isole, on se retrouve, on circule et on s’approprie un espace, dans un lieu à vocation thérapeutique mais pensé comme une grande maison.
La volonté est de s’approprier l’environnement historique de ces corps de bâti assez bas et imbriqués, afin de développer cette échelle domestique et le caractère informel de ces espaces, pour pallier le sentiment parfois stigmatisant de l’équipement médicalisé.
L’intervention la plus significative consiste à démolir le bâtiment vétuste en fond de cour. Un nouveau volume en courbe le remplace, respectueux des gabarits voisins et de l’ensoleillement de la cour, plus adapté aux besoins de l’institution et mieux connecté au jardin.
Cette intervention permet aux nouveaux espaces de séjour (cuisine, salle à manger, salle de détente), aux ateliers artistiques à l’étage et à leurs usagers de profiter pleinement de l’espace vert. Cette nouvelle volumétrie offre un rez-de-chaussée entièrement ouvert sur la cour et le jardin, tandis que les espaces supérieurs conservent une intimité nécessaire pour les patients et les soignants.
Enfin, une série de sobres interventions, dont le décloisonnement de l’escalier existant, l’ouverture de quelques fenêtres sur les façades donnant sur la cour et la surélévation de la toiture de la salle polyvalente qui lui fait face, conservant les dimensions de l’existant, afin de créer une salle plus grande et lumineuse, vient compléter le projet.
La nature domestique des espaces est également renforcée par les matériaux utilisés pour la rénovation. Il s’agit de matériaux réutilisés issus des démolitions, lorsque cela est possible, comme dans le cas des tuiles du toit et des briques de parement. Les extensions, quant à eux, sont réalisées avec des matériaux nobles et chaleureux, avec une structure en bois et isolées en paille, ouate de cellulose insufflée et blocs de chanvre-chaux.
Le projet est une occasion d’adapter et de concevoir de nouveaux espaces en phase avec l’ambition que le soin passe aussi par la nature des lieux. Ce travail a été réalisé main dans la main, entre autres, avec l’équipe des soignants, mais aussi dans un dialogue avec les bureaux d’études qui ont accompagné le processus.




